Illustration article sur l'éphémère
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Nous vivons l’éphémère5 min de lecture

Si un mot résume bien notre société, c’est celui-ci : éphémère.

Nous vivons dans l’éphémère, nous respirons éphémère.

Notre système vit dans l’éphémère.

Nous savons que nous devons penser long terme, et pourtant, nous pensons court terme : le principe même de ramasser un maximum de biens matériels dans un laps de temps défini est court termiste. Au lieu de, par exemple, préserver notre planète ou construire un bonheur durable, nous préférons répondre à un système d’accumulation des richesses.

Nous oublions le principe de construction, ce dans la durée.

La consommation de masse

Je suis matérialiste et je ne m’en cache pas. J’aime les belles choses. Cela ne m’empêche pas de faire attention à ma consommation : je refuse d’accumuler pour accumuler. Je ne suis pas dans l’extrême du “n’acheter que ce dont j’ai besoin” ni “m’acheter tout ce dont j’ai envie”. Tout est question d’équilibre.

Or, nous sommes dans l’ère du consommable : acheter, jeter, remplacer. Alors que nous devrions être dans l’ère du recyclage : acheter, recycler, acheter recyclé. 

Nombre de personnes nous interpellent sur notre façon de vivre, sur l’absurdité du système, et pourtant, nous continuons. 

Il n’est pas simple de sortir d’un système avec lequel on a grandi ou de consommer différemment : cela prend du temps et passe par des petites étapes. 

Acheter moins d’habits, limiter les gadgets, consommer responsable, garder son téléphone un an de plus… Petit à petit, on prend de bonnes habitudes qui permettent de limiter le gaspillage.

Prenons l’exemple de la nourriture : en moyenne, 41,2 tonnes de nourriture sont jetées chaque seconde dans le monde* !

Si chacun faisait plus attention en faisant ses courses, de ne pas acheter du superflu, de mieux conserver les aliments, de moins commander au restaurant ou de demander un doggy bag… et surtout si les supermarchés étaient soumis à des lois anti-gaspillage strictes ! Des gestes simples qui permettraient de préserver notre planète. Et de nourrir des milliers de gens qui meurent de faim…

Dernier exemple : les produits de consommation jetables à usage unique. ENFIN la législation fait quelque chose ! Les pailles ou cotons-tiges en plastique sont interdits petit à petit.

La communication à outrance et l’instantanéité du résultat

Notre consommation de masse ne se limite pas aux objets ou à la nourriture. Elle concerne également le contenu.

Les “snackable contents”, les vidéos et articles se démultiplient. Comme j’en parlais dans mon article sur le contenu, cela se fait au détriment de la qualité.

Nous polluons notre corps avec trop de nourriture et de mauvaise qualité, nous polluons notre maison avec des objets inutiles et parfois mauvais pour nous, mais nous polluons aussi notre cerveau avec des informations et du contenu mauvais.

L’éphémère se retrouve dans les réseaux sociaux : Snapchat a lancé les Stories – reprises par Facebook sur Instagram puis Facebook et maintenant Whatsapp – un contenu visible (et valable) 24 heures uniquement. Cela a déclenché également un autre problème : le “FOMO” (Fear Of Missing Out). Nous avons peur de “rater” des choses, et nous nous gavons de contenus pour être sûrs d’être “au courant”. Au risque de saturer notre cerveau…

Enfin, les applications de rencontre : l’éphémère poussé à son paroxysme. Avec un effort moindre, nous cherchons un peu de réconfort ou juste assouvir nos besoins : on fait son marché, on rencontre quelqu’un et en quelques secondes, minutes ou heures, trouve ce que l’on cherche. Puis on le perd aussi facilement et rapidement, car la relation n’est pas bonne pour nous, pas sur la durée en tout cas (je généralise, car certains trouvent réellement l’être aimé via ses applications et c’est une alternative intéressante aux rencontres dites traditionnelles, mais, soyons honnêtes, la majorité cherche une relation d’un soir, vouée à ne pas durer).

Nous avons perdu le sens de l’effort. Nous sommes dans l’éphémère mais aussi l’instantané. Nous avons oublié qu’il était bon de se battre pour ce que l’on veut. De suer pour arriver à ce que nous voulons. Et que le résultat en est d’autant plus appréciable.

“C’est le chemin parcouru qui compte, pas le résultat.”

Ou dit plus poétiquement :

“A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.” Corneille

On veut tout, tout de suite, sans effort. Sauf que la plupart des gens ont oublié que c’est l’effort qui amène le plaisir du travail accompli, la satisfaction d’avoir réalisé quelque chose. 

Parlez à un sportif professionnel et demandez-lui combien de temps par jour il s’entraîne. Discutez avec un autoentrepreneur accompli et questionnez-le le lancement de son business. 

Tout se travaille.

Ce que nous oublions également : internet pollue. Pas uniquement nos appareils physiques, mais l’utilisation même du web. “Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les mails envoyés par une entreprise de 100 personnes représentent 13,6 tonnes de CO2 par an, l’équivalent de 14 vols allers-retours entre Paris et New-York. Et le Web serait responsable de plus de 2 % des émissions de gaz à effet de serre selon l’association Gesi, c’est-à-dire autant que le trafic aérien !”**

L’éphémère a d’importantes conséquences ! C’est pourquoi on trouve aujourd’hui des systèmes alternatifs à Google, comme Ecosia, ou des recommandations pour vider sa boîte mail. 

Ce sujet est vaste et chaque aspect mériterait d’être développé plus en détails. Je ne fais ici que gratter la surface d’un problème qui est à l’origine – du moins en partie – de la plus grande crise à laquelle l’humanité a fait face : la destruction de notre planète à petit feu. La recherche de plaisirs éphémères, d’accumulation de richesses, a pour conséquence l’épuisement des ressources de notre planète, l’amenuisement de la biodiversité, l’augmentation des migrations climatiques…

Alors, que faire ? Peut-on réellement apporter une différence à notre échelle ? Je l’espère.

*https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/10/16/gaspillage-41-2-tonnes-de-nourriture-jetees-chaque-seconde-dans-le-monde_5201728_4355770.html

**https://www.ouest-france.fr/high-tech/parole-d-expert-pollution-numerique-videz-votre-boite-mail-5688794

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