FEVRIER – Chapitre 2 : écrire, pour être lu ?6 min de lecture
Ne nous voilons pas la face, de moins en moins de personnes prennent le temps de lire. Vidéos, podcasts, illustrations… autant de moyens de communiquer bien plus “rapides” et “faciles”. Alors, pourquoi et pour qui écrit-on aujourd’hui ?
Nous vivons dans une époque de contradictions (à supposer que nous ayons déjà vécu dans une époque qui n’en avait pas). Nous écrivons de plus en plus mais il semblerait que nous ayons de moins en moins de temps pour lire.
Alors, pour qui écrit-on si les gens n’ont pas le temps (i.e. ne prennent plus le temps) de lire ?
Différents types d’écriture
J’aimerais d’abord souligner qu’il existe plusieurs raisons d’écrire, plusieurs styles.
Nous n’avons pas la même façon d’écrire selon les implications.
Sans être exhaustive, voici quelques styles d’écriture.
Il existe l’écriture :
- littéraire, lorsqu’on écrit un roman, pour être publié et lu,
- académique, qui est explicative, argumentative,
- autothérapeutique, comme les journaux intimes ou les carnets de bien-être,
- de communication, lorsque l’on fait la promotion d’un sujet, d’un produit ou d’un service.
Bien entendu, ces styles peuvent s’entremêler. Par exemple, une marque peut décider d’utiliser d’une écriture académique pour vulgariser des données techniques.
Nous n’écrivons donc pas toujours pour être lus et pas toujours de la même façon, nous nous adaptons à notre auditoire. Une écriture autothérapeutique n’a souvent de lecteur que soi-même voire personne. Cette technique est souvent un exutoire et n’a pas pour but de s’adresser à quelqu’un d’autre. Une écriture littéraire peut s’adresser à un lectorat d’initié ou au plus grand nombre. Une écriture de communication s’adressera à une cible bien précise, pensée en amont de son déploiement.
La communication : la cible est clé
Voilà maintenant sept ans que je travaille en communication digitale. Durant ces quelques années, j’aurais pu être découragée de me concentrer sur la partie de mon métier qui me passionne : l’écriture, car elle est souvent peu valorisée (en entreprise, ce qui ne peut pas être monétisé passe souvent en second plan). Cependant, écrire prend de multiples formes !
L’important n’est pas d’écrire des tartines, mais d’écrire en ayant en tête un auditoire.
Beaucoup de gens vous diront qu’ils n’ont pas le temps de lire, car les personnes qui prennent le temps de lire sont de moins en moins nombreuses. En réalité, nous lisons tous bien plus que nous l’admettons. Car, même un tweet reste une lecture, et un tweet peut demander beaucoup de temps de rédaction : résumer en un nombre de caractères limités sa pensée est un exercice peu facile.
Communiquer à divers publics
Ainsi, lorsqu’on souhaite communiquer – je garde ici l’exemple des entreprises – avant de rédiger quoique ce soit, il est impératif de se poser la question suivante : à qui m’adressé-je ? La rédaction varie si l’on écrit pour un groupe d’adolescents, des cadres supérieurs ou si on veut toucher le plus grand nombre. Un même sujet peut prendre de multiples formes. Par exemple, si je veux parler d’un système de réduction des déchets en faveur de l’environnement, j’aborderai le sujet différemment selon ma cible :
- Pour un adolescent, je peux mettre en avant le côté “préserver son futur” et être pédagogique sur les implications d’un tel projet ;
- Si je m’adresse à une communauté d’ingénieurs au fait du projet, je vais expliquer les détails techniques ;
- Pour des cadres supérieurs, je vais faire appel à leur intégrité (avenir de la planète) et les avantages pour eux (ex. économies possibles), en vulgarisant la partie technique.
Je vous conseille de faire cet exercice pratique pour vous en rendre compte. Choisissez un sujet qui vous intéresse et sur lequel vous avez une connaissance relativement approfondie. Réfléchissez à qui vous vous adresseriez : vos parents, vos camarades de promotion, vos collègues d’un autre service, vos enfants, vos clients, gardez en tête cette « cible » et écrivez ne serait-ce que trois lignes sur le sujet. Le résultat peut être tout à fait surprenant. Si vous y réfléchissez, lorsque vous parlez, c’est la même chose, non ? Vous adaptez votre discours à votre audience. Pourquoi serait-ce différent avec l’écriture ? Surtout en communication où la cible est clé !
Pour aller plus loin : devoir de mémoire hier, devoir d’oubli aujourd’hui ?
J’ai déjà écrit sur ce sujet : il existe beaucoup de bruit sur internet. Beaucoup de plateformes. Beaucoup trop de données.
Vous en avez sûrement entendu parler ou vous en faites peut-être partie, de ces personnes qui cumulent les biens matériels sans jamais pouvoir jeter. Quid de l’immatériel ? Il nous semble que l’on peut cumuler les données sans conséquence. Et pourtant… la question se pose quand on parle de ce “bruit”.
J’ai repensé à ce sujet en lisant un article intitulé « People Aren’t Meant to Talk This Much » (traduction : « les gens ne sont pas faits pour parler autant ») et je trouve l’idée intéressante : supprimer le bruit sur internet. Pourquoi archiver toutes ces données ? Pourquoi les garder absolument en mémoire alors que la moitié peut être facilement supprimée. Les géants des réseaux sociaux ont un devoir d’oubli, ne serait-ce que pour une question environnementale. Tous ces serveurs coûtent de l’argent mais surtout pèsent sur l’environnement ! On sensibilise beaucoup à la pollution, pas assez à la pollution numérique.
Si les réseaux sociaux supprimaient les publications vieilles de plus d’un an par exemple, en quoi serait-ce un problème ? Si vous y tenez absolument, vous les sauvegardez.
C’est un sujet qui nécessite plus qu’une fin d’article et je pourrais y revenir ultérieurement, mais pensez-y…
Ecrire, vaste sujet
Écrire est un vaste thème et de nombreux livres y ont été consacrés : écrire sur l’écriture n’est pas si banal. La qualité des contenus est une question qui prend de plus en plus d’ampleur en communication, et des métiers auparavant peu valorisés commencent à prendre plus d’importance. En effet, une bonne accroche, une écriture fluide, un style intéressant, tout cela est essentiel pour capter une audience. Qu’on écrive un article, un podcast, un script de vidéo, l’écriture est omniprésente et essentielle à l’humain.
Communiquer est un besoin vital – qui passe souvent par une phase d’écriture – nous nous en sommes rendus particulièrement compte durant cette pandémie. Mais écrivons-nous tous pour être lus ? Et tout ce que nous écrivons est-il destiné à être lu ? Je ne le pense pas. L’écriture est quelque chose de très personnel, ce peut être un outil thérapeutique, ça peut être un passe-temps. Mais elle reste un outil très puissant pour communiquer – un message, une émotion, une nouvelle…
Même si vous n’êtes pas à l’aise avec l’écriture, je vous invite à prendre votre crayon, stylo ou clavier et tenter l’exercice proposé dans cet article. Pour vous, car vous n’avez pas besoin d’un lectorat pour écrire. Il pourrait vous amuser plus que vous ne le croyez ! Enfin, vous comprendrez peut-être pourquoi c’est une discipline que j’aime autant…