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Le secret du bonheur ou un produit marketing5 min de lecture

“Cherchez votre bonheur, vous le trouverez ! Comment ? En lisant ces quelques lignes bien sûr.” Voilà comment caricaturer beaucoup de livres et d’articles qui circulent dans nos vies ces dernières années. Mais peut-on vraiment chercher – et trouver – le bonheur ?

Si vous devez vous poser la question, c’est que vous ne devez pas être heureux. 

Tout est là : se poser les bonnes questions

Nous passons notre vie à courir après des choses qui, nous le croyons, vont nous apporter le bonheur, alors qu’il est peut-être (souvent) juste devant nous.

(Je parle dans cet article du bonheur des petites choses.)

C’est un des maux de notre siècle : vouloir à tout prix être heureux. Et vouloir à tout prix être heureux peut au contraire nous rendre malheureux. 

Gérer son temps

Dans cet article de The Atlantic, l’auteur parle de Walden, de Henry David Thoreau. Il cite ce passage : “The cost of a thing is the amount of what I will call life which is required to be exchanged for it, immediately or in the long run.”* H.D. Thoreau veut ainsi exprimer le fait que nous perdons trop de temps dans la vie sur des choses qui n’ont pas de valeur à nos yeux.

Et là il touche du doigt ce que nous savons tous mais ne mettons pas en pratique : la valeur du temps

L’auteur cite encore H.D. Thoreau : ““Time is but the stream I go a-fishing in. I drink at it; but while I drink I see the sandy bottom and detect how shallow it is. Its thin current slides away, but eternity remains.” To fish in the river of time—even without catching anything—is no waste. It can be a special kind of reverie.”** En résumé, pas besoin d’optimiser chaque minute de notre vie.

Je ne suis pas forcément complètement d’accord avec toute l’analyse de l’auteur de l’article, même si elle reste intéressante. Je pense que minuter son temps ne fait qu’augmenter notre stress et fait perdre cette spontanéité nécessaire au bonheur. En revanche, savoir s’accorder du temps est nécessaire. 

Le temps, ce bien précieux

Ce Ted Talk l’explique bien : notre cerveau déteste l’ennui, et il va tenter de combler chaque seconde de notre journée. Or, nous savons que le cerveau a besoin de repos, notamment pour maximiser notre créativité. C’est pourquoi la méditation est si populaire aujourd’hui : s’accorder le temps d’être et non de faire. 

Pascal le pointait du doigt bien avant nous : » Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. « 

Être face à nous-même n’est pas chose facile : nous nous retrouvons face à nos défauts, nos peurs, nos angoisses. Mais être seul avec nous-mêmes nous permet aussi de prendre du recul sur la situation, de relativiser, d’apprécier les bonnes choses dans notre vie. Que ce soit ce moment de calme et plénitude le temps d’une tasse de café, les rayons du soleil qui réchauffent notre peau lorsque nous nous asseyons au soleil dans un parc, le rire de notre enfant…

Courir après le bonheur, une perte de temps ?

Plus récemment, j’ai lu dans une newsletter de Mark Manson, l’auteur de The Subtle Art of Not Giving a F*ck, le fait que courir après le bonheur nous rend malheureux, et que cette affirmation a été confirmée par une étude récente. Elle explique que les gens qui apportent beaucoup de considération au sentiment de bonheur ont moins de chance de le ressentir. Le problème n’étant pas le bonheur lui-même mais le fait de considérer le bonheur comme une valeur, un objectif premier sur lequel nous mettons tous nos efforts. Alors que la clé du bonheur, selon Manson, est de trouver quelque chose qui est digne de nos efforts, quelque chose pour lequel nous “sacrifier”. 

En effet, chercher le bonheur ne nous permet pas de le trouver. Faire des choses qui nous satisfont permet d’être heureux. C’est le bonheur d’être avec des gens que l’on aime, de travailler pour une cause qui nous parle. Être en harmonie avec nos valeurs est l’une des principales clés du bonheur. 

Le reste est secondaire : l’argent peut satisfaire certaines de nos envies, apporter du confort, et contribuer au bonheur. Mais l’argent en lui seul ne nous apportera pas ce que nous recherchons

Le marketing du bonheur

Tous ces livres sur la recherche du bonheur surfent sur cette vague de mal-être : les gens se sentent mal dans leur peau, courent après des choses qui ne les rendent pas heureux, et finissent par se tourner vers une “solution miracle” qui n’en est pas une. Elle va les soulager un temps, jusqu’au jour où ça ne suffira plus. Le bien-être est devenu un objet marketing très lucratif.

Bien entendu, certains livres sont réellement utiles pour mettre les choses en perspective, prendre du recul sur notre vie, et nous permettre de réévaluer nos priorités. Et la clé n’est pas loin : prendre le temps de réaliser ce que l’on veut réellement. La réponse n’est pas facile, ou peut-être pas très loin.

Une chose reste sûre : notre temps sur cette planète est rare et précieux, et nous avons tendance à l’oublier trop souvent. Peut-être est-ce là le début du bonheur : s’accorder du temps.

* ”Le coût d’une chose est la quantité de ce que j’appellerai la vie qui doit être échangée contre celle-ci, immédiatement ou à long terme.”

** ””Le temps n’est que le ruisseau dans lequel je vais pêcher. Je m’y abreuve, mais pendant que je bois, je vois le fond sablonneux et je constate qu’il est peu profond. Son mince courant s’éloigne, mais l’éternité demeure ». Pêcher dans le fleuve du temps – même sans rien attraper – n’est pas une perte. Cela peut être une sorte de rêverie particulière.”

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