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Comme un vent de révolte2 min de lecture

Novembre 2019

Dans les rues désertes, on ressent le calme avant la tempête. Les vacanciers sirotent un jus en terrasse, au bord de l’eau. Les bateaux de luxe narguent les passants. La présence des soldats au milieu du centre-ville flambant neuf sonne comme une fausse note. La place des Martyrs arbore un poing mécontent qui incite à la révolution. 

Le coeur de Beyrouth est secoué. Une tempête nécessaire s’est installée. Elle annonce la prochaine étape. Un peuple qui hurle sa douleur et sa lassitude. Une jeunesse qui ne veut pas du renoncement de ses aînés.

Au milieu des problèmes d’infrastructure, d’une économie mal en point, d’une corruption reconnue, le Liban a toujours su rester optimiste et plein de vie. 

Il m’a fallu quelques (trop d’) années pour retourner sur les lieux de mes origines orientales. Et c’est un vent de révolte que j’y ai trouvé. J’ai retrouvé un pays toujours aussi paradoxal, avec une beauté indéniable, des immeubles en ruines, des boutiques de luxe, une population enjouée, une population révoltée. Les images de foules en liesse au coeur de Beyrouth, brandissant des drapeaux libanais, illustrent la révolution pacifique en cours. 

Je suis rentrée de ce séjour avec le baume au coeur. Le fait de revoir ma famille. Le fait de voir un changement positif, qui je l’espère portera ses fruits.

Marcher dans les rues de Beyrouth et ne pas pouvoir circuler librement. Sentir le calme ambiant dans un pays si plein de vie. Cela m’a laissé une sensation étrange. Je reste avec un double-sentiment face aux événements et je ne tente pas de les analyser politiquement. Je regarde cela, bizarrement, étrangement, à la fois me sentant impliquée et étrangère. Je n’ai jamais vécu dans ce pays qui est pourtant le mien. Je m’en sens proche et éloignée. Ne pas avoir la nationalité, ne pas parler la langue, cela crée une distance.

Mais lorsque je suis arrivée, je me suis sentie chez moi. Et pourtant, j’ai trouvé la proportion de gens parlant français moindre qu’à mon dernier passage. Et j’ai eu l’impression d’être étrangère dans ces lieux où j’ai passé tant d’étés.

Une impression étrange reste en mon esprit après ce passage. Une joie, une chaleur, une envie. Une peur, un éloignement, une incompréhension.

Le temps d’une brève parenthèse, j’étais de retour à Beyrouth, pour sentir le vent de révolte qui s’y est levé.

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