Review du livre L'art subtil de s'en foutre, de Mark Manson
Mes articles,  Réflexions

The subtle art of not giving a fuck : une ode à la vie9 min de lecture

Je ne suis pas la première à faire un article sur le sujet : ce livre est un best-seller dont vous avez probablement entendu parler.

Après avoir lu cet ouvrage de Mark Manson, je me dis que tout le monde devrait le dévorer.

Que vous soyez d’accord ou non avec ses propos, ils ont le mérite de faire réfléchir et de pousser à regarder sa vie sous un angle différent. 

Au fond, quel est le message principal du livre ? Vivez ! Vivez pleinement.

Toutes ses réflexions tournent autour d’un système de pensée qui nous a été inculqué et que nous n’avons pas vraiment contesté.

Apprécier les choses simples

La première chose qui m’a marquée : l’affirmation selon laquelle nous ne nous rendons pas compte qu’en voulant toujours plus, nous ne nous contentons pas de ce que nous avons. 

“L’aspiration à vivre des expériences plus positives est en soi une expérience négative. Et, paradoxalement, consentir à vivre les expériences négatives qui se présentent ou s’imposent à nous constitue en soi une expérience positive.”

Ce que nous dit l’auteur est simple : à se concentrer sur ce que nous n’avons pas, nous nous rendons malheureux, car nous ne regardons pas ce que nous avons.

Il parle ainsi de la loi de l’effet inverse :

“Si la quête du positif est négative, avec la quête du négatif ne devrait pas manquer d’engendrer du positif”.

En effet, vous l’aurez remarqué, quand vous en bavez pour obtenir quelque chose, la satisfaction de ce que vous récoltez est bien plus importante. La satisfaction de l’effort qui paye : faire des heures de sport pour être en forme, des années de travail pour une réussite personnelle…

S’en foutre, ça veut dire quoi ?

Revenons-en au titre du livre : il est provocateur, volontairement, mais il n’est pas à prendre littéralement.

“S’en foutre ne signifie pas être indifférent, mais être à l’aise avec le sentiment d’être différent.”

L’auteur nous invite à “identifier ce qui a de l’importance et fait sens à [nos] yeux [qui] est sans doute le meilleur usage que [l’on] peu[t] avoir de [s]on temps et de [s]on énergie”.

“Que tu t’en rendes compte ou pas, tu choisis toujours de tenir à un truc plutôt qu’à un autre.”

En bref, lorsque l’on sait ce qui importe pour nous, cela nous permet de nous concentrer dessus, et ne pas donner de l’importance à des choses qui nous pourrissent la vie mais ne comptent pas pour nous. S’en foutre de ne pas penser comme l’autre, tant qu’on sait ce qui importe pour nous. Ne pas avoir peur de faire des vagues si cela permet d’atteindre notre but.

L’auteur nous invite également à ne pas moduler notre comportement en fonction des autres : la sincérité est la clé d’une vie meilleure. La sincérité pure permet d’avancer, et pour nous et pour les autres.

Dans la même logique, l’auteur nous invite aussi à embrasser nos problèmes : c’est avec eux qu’on avance, qu’on grandit. La vie est faite de problèmes à résoudre, et les fuir ne nous enrichit pas : les résoudre oui.

Tu es quelqu’un d’ordinaire, et c’est une bonne chose

L’invitation de Mark Manson à prendre le contrepied de la tendance actuelle m’a frappée : tu n’as rien d’extraordinaire, nous dit-il. La société nous vend l’extraordinaire – beaucoup de livres de développement personnel nous disent que nous sommes uniques et que nous pouvons être extraordinaires ! – et le fait que nous pouvons tous y arriver – “si tu veux, tu peux” ou tous les articles qui expliquent comment réussir en 10 étapes : or, pour que l’extraordinaire existe, il faut de l’ordinaire. Toutes ces histoires incroyables que l’on lit au quotidien ont deux choses en commun : elles sont mineures (comme nous ne lisons qu’elles, elles nous paraissent la normalité, alors que ce n’est pas le cas) et les gens qui les vivent en ont bavé beaucoup pour y arriver (et es-tu vraiment prêt à en baver autant ?). Nous devrions pour la plupart accepter le fait d’être ordinaire. En effet, il explique trois choses :

  • Lorsque nous avons un problème insoluble, nous avons l’impression d’être unique, et cela nous permet de nous en vanter et de nous complaire dans ce problème (nous sommes tous passés par là à l’adolescence) ;
  • Nous devons penser non pas l’objectif, mais le chemin : sommes-nous prêts à emprunter le long et difficile chemin qui mène à l’objectif ou sommes-nous juste séduits par la finalité ? 
  • Nous nous mettons la pression pour être quelqu’un d’extraordinaire, ce qui nous rend malheureux, au lieu d’accepter les choses simples, celles qui comptent vraiment.

Là-dessus je le rejoins à 100% : ce sont les petites choses de la vie qui m’apportent le plus de satisfaction : m’asseoir dans un café au chaud alors qu’il fait froid dehors en dévorant un livre, prendre un verre avec des amis, me mettre au lit après une journée éreintante, me balader au bras de mon compagnon, partager un repas en famille…

A ce sujet, il dit avoir construit une loi : la loi de l’évitement. 

“Plus quelque chose met en danger ton identité, plus tu t’efforces de l’éviter.” 

Il ne faut pas chercher à savoir qui on est, selon lui, parce que l’inexploré apporte découverte et humilité. Et plus notre identité est singulière, plus on se sent menacé et vulnérable, car on renforce cette loi de l’évitement. Être ordinaire serait la clé d’une meilleure qualité de vie, selon l’écrivain.

Je nuancerais ses propos à ce sujet : oui, il ne faut pas forcément avoir une identité fixe, il faut savoir se remettre en question, mais je pense qu’il est important d’avoir conscience de ce qui nous définit pour savoir où nous allons. Et pour l’auteur, nous savons où nous allons – et donc qui nous sommes – grâce à nos valeurs.

Quelles sont vos valeurs ?

Mark Manson nous invite à nous poser “les bonnes questions” : celles de nos valeurs. Pourquoi nous faisons les choses, pour quelles raisons ? Celles-ci définissent la qualité de notre vie. Si nous choisissons des “fausses valeurs”, comme le plaisir ou la réussite matérielle, dès que nous atteignons notre but (par ex. gagner X€ par mois), nous allons ressentir un vide et allons fixer un autre but similaire, ce qui amène à courir après toujours plus. Si nous voulons être tout le temps positif, nous nions l’existence de nos problèmes, nous ne les résolvons pas, or ce sont ces problèmes et leur résolution qui confèrent un sens à la vie. 

Si nous voulons améliorer notre qualité de vie, nous devons choisir des valeurs durables, nous dit-il : la famille, par exemple. Une relation de couple durable. S’améliorer dans un domaine.

Ce sont nos valeurs aussi qui nous permettent de savoir ce qui compte pour nous.

L’auteur pointe par ailleurs le fait que la société actuelle nous offre beaucoup de choix. Or, si cela peut paraître une bonne chose, le “trop d’expériences” nous disperse et ne nous satisfait pas. C’est en s’investissant dans une chose que l’on peut réellement s’accomplir. Une relation, un domaine, un objectif.

Tu as tort, tout le temps

Il est bon également, explique-t-il, de partir du principe que nous avons tout le temps tort : c’est en se trompant que l’on avance. Et si aujourd’hui nous avons moins tort que la veille, nous avons plus tort que demain : en prenant conscience de cela, nous grandissons. En effet, l’esprit humain est capable d’inventer des choses, souvent fausses, et d’y croire : notre cerveau est “une boîte à construire du sens”. L’incertitude face à nos croyances désamorce les stéréotypes et les préjugés, prévient les jugements sommaires : en remettant en doute ce que nous croyons, nous pouvons réaliser lorsque nous avons tort et ne pas nous enfoncer dans une voie sans issue.

“C’est la marque d’un esprit cultivé d’être capable de nourrir une pensée sans la cautionner pour autant” Aristote 

Une autre leçon intéressante de l’auteur : pour éviter la procrastination, il faut agir : l’action entraîne l’inspiration et la motivation selon lui, et pas la contraire.

Faire face à notre mortalité pour vivre réellement

Enfin, Mark Manson conclut sur une chose capitale : notre mortalité.

En effet, les humains sont les “seuls animaux capables de conceptualiser” et de se faire une “représentation abstraite” des choses. 

Il cite Ernest Becker qui présente l’homme étant constitué de deux “moi” : le moi physique et l’identité. Si nous savons que le moi physique est voué à disparaître, nous souhaitons faire vivre notre identité pour toujours. C’est cette recherche d’immortalité qui dirige la plupart de nos actions.

Il nous faut donc accepter notre mortalité pour vivre. C’est la peur de mourir qui engendre la peur de vivre. Une fois notre paix faite avec notre mortalité, nous pouvons avancer dans la vie. 

Voici un résumé sommaire du livre de Mark Manson, avec mes quelques interprétations. Il possède un site internet et une newsletter qui sont tout aussi intéressants.

J’aimerais conclure par cette réflexion, que la lecture de ce livre a renforcé en moi : nous sommes des êtres en perpétuels constructions, et la seule chose qui me paraît être une aberration est d’avancer dans la vie persuadés que nous avons absolument raison sur tout. La remise en question permanente peut être douloureuse mais c’est elle qui permet d’avancer. Elle qui permet de réajuster sa trajectoire, d’apprendre, de faire la paix avec ses défauts, de s’améliorer, et de vivre un peu mieux demain qu’aujourd’hui.

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